Ils ne savent plus très bien où ils en sont, les deux compères : serait-ce le vingtième disque ? En duo (en couple, comme disent les musiciens bretons), ils sont sûrs d’en avoir enregistré au moins quinze. Plus les autres, avec le groupe du pays gallo La Godinette et avec d’autres formations plus éphémères... Jean Baron, le Malouin, talabarder (joueur de bombarde) et Christian Anneix, le Rennais, joueur de biniou, sonnent ensemble depuis 1973. Mais leurs premiers pas (au sens propre pour Jean Baron qui fut d’abord danseur) en musique bretonne remontent à une dizaine d’années plus tôt, quand ils étaient gamins dans leur bagad et leur cercle celtique (groupe de danseurs) respectifs. Depuis, ils ont participé ensemble à 2.500 concerts et festoù-noz. Chanteurs et joueurs de quelques autres instruments (veuze, violon, accordéon), Baron-Anneix ont adopté un vaste répertoire de haute et de basse-Bretagne. Chez eux, pas de querelles de chapelles ni de pré carré de terroir, mais c’est bien dans les chapelles qu’ils ont donné quelques-uns de leurs meilleurs concerts. Le biniou rejoint la harpe
Depuis quelques jours, le duo enregistre au studio Toot, chez Pierre-Louis Carsin, à Saint-Brieuc. Anne Auffret, la harpiste et chanteuse costarmoricaine, les y a rejoints. Elle s’écarte à cette occasion de son répertoire favori de cantiques, que sa voix pure met magistralement en valeur. Des complaintes, en français et en breton, dont plusieurs empruntées à l’ouvrage récent du collecteur trégorrois Iffig Troadec, des marches et quelques airs de danse : l’album, baptisé « Berjelenn » (bergère) sera éclectique. « Il s’agit d’une rencontre originale entre le couple biniou-bombarde, la harpe et la voix », explique Jean Baron. Il y a quelques années, le duo avait déjà mené une démarche comparable avec un organiste. Sortie prévisible du disque, chez Keltia Musique, en mai ou juin, « en tout cas, avant l’été ».
Roselyne Veissid